Hello les amis,

Pour la faire courte, puisque je reviens ici après une longue absence, j'ai 47 ans, je bosse dans la presse et je m'occupe, sur mon temps libre, de quelques chroniques pro dédiées à la culture vidéoludique. Ceci explique, vite fait, que je me sois intéressé à Starfield, alors que mon genre de prédilection, d'ordinaire, n'est pas le RPG. L'appel des grands espaces, de l'espace tout court, a sans doute également joué : Microsoft a très bien orchestré l'avènement du dernier jeu de Bethesda, force m'est de l'avouer.

Alors j'ai tenté l'expérience. Pendant une heure. Juste une heure. Et je n'ai pas aimé, pour nombre de raisons dont je souhaiterais pouvoir débattre plus loin. Je vois d'ici les hurlements que certains vont pousser en découvrant que je me base sur une expérience si brève pour justifier mon rejet d'un tel titre. Non, en effet, je n'ai pas vu l'essentiel de cet univers, qui doit certainement offrir, dans ses multiples recoins, quelque chose qui s'apparente à l'aventure que j'aurais souhaité vivre. Il ne s'agit pas pour moi, non plus, de remettre en cause le travail scénaristique autant que technique consenti par les équipes de développement, à cette remarque près qu'un tel titre à 30 images par seconde, sur une console promise newgen, a quelque chose d'un peu triste : je ne retrouve pas à l'écran cette fluidité à laquelle les dernières années m'ont habitué ni, plus gênant encore, cette souplesse d'animation qui rend chaque action si réaliste. Dommage. Si je décide un jour de retenter l'expérience, ce sera donc sur un (gros) PC.

Les promesses, la réalité

Venons-en un peu plus au sujet qui me préoccupe ce jour. La promesse de Starfield, pour moi, c'était celle de l'univers, de l'exploration. Celle d'un espace ouvert où, en tant que joueur, je pourrais explorer à loisir, découvrir de nouvelles espèces, de nouvelles cultures, de nouvelles façons de voir la vie se développer (47 ans, vous vous souvenez ? ). Ce n'est pas tout-à-fait ce que j'y ai trouvé.

Je dois avouer que les bandes-annonces m'avaient un peu refroidi, mettant assez peu ces orientations au premier plan, mais je voulais y croire, porté par ces quelques plans artistiquement inspirés qui mettaient en avant l'infini comme seules quelques merveilles du space-opéra et de la SF avaient su jusqu'alors l'illustrer. Et les étapes de création du personnage m'ont fait espérer : j'ai opté pour un background d'enseignant, porté vers la découverte et la connaissance, en me disant qu'il en irait peut-être d'une façon d'orienter l'expérience proposée.

Et j'ai joué. Pour m'entendre dire, d'abord, que mon nouveau métier devait me changer du précédent (je confirme). Puis pour croiser les premiers PNJ faisant évoluer le scénario, apportant avec eux quelques séminales péripéties. Premier contact et premier constat : ma découpeuse, qui quelques instants plus tôt me servait à collecter du minerai, me sert aussi à trucider du pirate. Nous sommes à une vingtaine de minutes du point de départ, et déjà je dois combattre, tuer et collecter du matériel sur les cadavres que je laisse derrière moi.

La bataille bouclée, je me retrouve aux commandes d'un vaisseau spatial de belle allure, avec la promesse de pouvoir trouver dans les étoiles un peu plus de tranquillité. Ca ne va pas durer. Quelques minutes suffisent pour me voir embarqué dans un nouveau combat, version Star Wars cette fois, durant lequel je mets en pièces deux vaisseaux hostiles pour une raison qui m'échappe. Je me rends à destination, une base où je dois faire le ménage pour pouvoir continuer mon voyage stellaire, et je poursuis mon oeuvre funeste sans sourciller. Jusqu'à tomber sur le boss des lieux, finalement, que je parviens à convaincre de décamper. Je note : il est à peu près le seul PNJ qui a croisé ma route à avoir pu en réchapper...

Vous avez dit maturité ?

Je remets dans le contexte : dans Starfield, je suis enseignant, et quelques minutes plus tôt, on me formait encore à collecter du minerai. A présent, j'attaque en solo des bases infestées de pirates, flanqué d'un robot si encombrant qu'il me donne envie de le démonter à coups de mitrailleuse. Et dire que je  voulais une aventure pacifiste...

Plus sérieusement, et c'est là nous allons pouvoir en débattre, je trouve étonnantes les représentations de l'univers véhiculées par Starfield. Dans un média pourtant arrivé à maturité, la seule véritable intention de gameplay portée par Bethesda repose, à ce moment si important qu'est l'introduction de l'épopée, sur l'action et sur l'idée que l'espace serait nécessairement un coupe-gorge où rôde un constant danger. Evidement, il y va d'une intention de proposer du challenge dans ce si vaste décor. Mais placer la violence comme présupposé d'un tel univers est problématique, car elle en donne la couleur générale a priori. Spoiler pour les développeurs, par ailleurs : non, l'espace n'est pas infesté d'ennemis le couteau entre les dents, et l'homme n'a pas nécessairement vocation à abattre toutes les formes de vie qu'il croise - et encore moins celles qu'il ne connaît pas, ce que l'on est pourtant cordialement invité à faire sitôt celle-ci dans le champ visuel.

C'est un premier contact qui en dit long, à mon goût, sur ce que l'on s'apprête à vivre. Une proposition qui s'épanouit durant cette première heure de jeu et à laquelle je ne parviens pas une seconde à adhérer. Je ne crois pas au profil du héros que l'on m'invite à incarner, et je ne cautionne à aucun moment les actes qu'il en vient à commettre,  a fortiori avec le passé qu'il me semblait avoir eu le droit de déterminer. Et c'est précisément cela qui m'a fait lâcher la manette, convaincu que Starfield ne m'offrirait, ou en tout cas pas tout de suite, ce que j'étais venu y chercher : une certaine forme de liberté. Sans compter qu'à mon âge, l'idéal ludique n'a plus la forme d'un jeu d'action mâtiné de RPG. Mais cela, je le sais depuis quelques années : sacrilège numéro deux, Skyrim non plus ne m'avait pas fait rêver...

Et vous, qu'étiez-vous venus chercher dans Starfield, et qu'y avez-vous trouvé ?